Small picture of Donizetti

 

 

 

 Une Favorite expatriée

by Stella Rollet

(from Newsletter 105)

Donizetti's  La Favorite at the Donizetti Festival, Bergamo, 21 Septembre 2008.

(Thanks to the Fondazione Donizetti and the Teatro Donizetti, Bergamo for providing the pictures below.)

 

Pour dire vrai, nous étions deux Parisiennes expatriées, Léonor et moi, venues toutes deux à Bergamo, berceau de Donizetti. « Dans une autre patrie, va cacher ton bonheur » dit Fernand dans le duo final des amants. Léonor et Stella ont suivi le conseil et les voilà Bergamasques le temps d’un rendez-vous musical.

Léonor n’a pourtant pas paru sous les traits que l’on attendait. En effet, Chiara Chialli était remplacée par Adriana Mastrangelo. Empressons-nous de dire que La Favorite n’a pas eu à souffrir de ce changement car l’artiste s’est montrée tout à fait à la hauteur des exigences musicales et dramatiques d’un rôle qu’elle maîtrise parfaitement. Face à elle, un Fernand (Antonio Gandìa) qui semble souffrir de plus en plus au cours du premier acte, avant de se reprendre et d’offrir au public une prestation de grande qualité. Alphonse (Mario Cassi) et Balthazar (Francesco Palmieri) ont la prestance qu’exigent leurs personnages. Le roi et le prêtre sont de taille à lutter l’un contre l’autre. On leur souhaiterait cependant des voix plus puissantes, de ces voix qui sonnent et grondent comme le tonnerre, imposant naturellement silence et respect à tous. Gabriella Locatelli Serio est une Inès tout en charme et en légèreté, folâtre certes, mais empreinte de gravité lorsque le drame se noue. Quant à Don Gaspar, incarné par Luigi Giovanni Albani, sa voix et son attitude correspondent à ce que l’on attend de ce serviteur dévoué à son roi, jusqu’à la critique. Le grand regret que nous laisse cette Favorite italienne, en matière de voix, est le peu de soin avec lequel est traitée la langue de Molière, à tel point que parfois, tout en connaissant le livret on ne comprend pas ce que chantent les artistes.

Les décors dans lesquels évoluent ces derniers sont magnifiques. Ce sont les mêmes que ceux réalisés pour Bergame en 1991. Ces décors, d’une grande beauté, sont traditionnels, et fidèles, dans l’esprit, aux décors d’origine [1]. Ils sont le plus souvent doubles, comprenant une toile de fond et une autre plus fine à l’avant-scène, qui devient transparente ou opaque selon l’éclairage. Cette technique autorise des changements à vue de façon aussi rapide qu’ingénieuse, et permet de mettre en scène au loin une action discrète, comme perdue dans une brume légère, seule ou associée à une action principale à l’avant-scène, qu’elle complète sans en détourner le spectateur.

L’orchestre, dirigé par Marco Zambelli, vaut, à lui seul, le détour italien, même si dans l’ouverture, les cuivres dominent parfois de manière excessive, créant un déséquilibre sonore déplaisant avec les cordes. Le même déséquilibre, cette fois entre l’orchestre et les voix, se retrouve dans le chœur d’introduction mais disparaît ensuite sans plus guère laisser de trace.

C’est dans les morceaux d’ensemble que les qualités de tous, musiciens de l’orchestre et chanteurs, sont les plus remarquables, exception faite du chœur d’introduction évoqué précédemment. Les finals des deuxième, troisième et quatrième actes forment des moments d’apothéose, non tant par leur volume que par leur ensemble, des moments tels que Donizetti a pu les rêver et tels nous avons pu les apprécier. Dans une volonté de respect à l’égard de la partition du maestro, le Festival Donizetti a proposé une version incluant une partie de la musique du ballet en forme d’interlude ainsi que le final écrit à l’origine par Donizetti et qui ne se trouve pas toujours dans les enregistrements[2].

Un mot pour finir concernant le public. Sil’on peut penser que le public français va à l’Opéra comme à l’église et écoute religieusement les ouvrages, le public italien, lui, semble aller à l’Opéra comme dans un salon. J’ai pu constater à plusieurs reprises que les spectateurs qui m’entouraient bavardaient et commentaient la représentation chaque fois que des applaudissements interrompaient le spectacle, les bavardages se prolongeant parfois assez longuement après que la musique ait repris ses droits. Ces petites conversations sonnent étrangement à mes oreilles françaises tout en exprimant le charme de la volubilité italienne. Habitude ou hasard ? Peut-être faudra-t-il attendre un autre concert italien pour répondre à cette question.


[2] Il n’existe notamment pas dans l’enregistrement le plus récent (1999) sous la direction de Marcello Viotti.

The team for La Favorite included:-

Leonora     - Chiara Chialli

Balthazar   - Francesco Palimeri

Fernand     - Antonio Gandia

Alphonse   - Mario Cassi

 

Direttore d'orchestra - Marco Zambelli

Regia                      - Lamberto Puggelli

Maestro del Coro     - Fabio Tartari

Coro e Orchestra del Bergamo Musica Festival Gaetano Donizetti

 

Balthazar and Fernand

 

King Alphonse

 

 

Leonora

 

 

The final scene of the 3rd act

 

 

 An atmospheric picture of the monastery

 

 

Page initially published in  2008